Sensibiliser

Ceux qui ont traversé le deuil périnatal ont, un jour ou l'autre, entendu cette phrase assassine :
« Oh, tu en auras un autre ! »
Une phrase qui, derrière sa banalité apparente, est un véritable tsunami pour les parents en plein cœur du drame. Une gifle de plus. Un énième coup qui vient briser un peu plus ce qu’il reste debout.
Nos émotions sont alors étouffées, muselées. Et cette tristesse, qu’on nous invite à ignorer, s’installe insidieusement, nous empoisonne à petit feu, nous enferme dans une solitude sourde.

Des phrases comme celle-là... Combien allez-vous en entendre ?
Combien de claques en pleine figure ?
À vrai dire, je ne les compte plus tant elles sont nombreuses, tant elles sont violentes, même sous couvert de bienveillance maladroite.

Le deuil périnatal reste un tabou immense.
Comme si cette douleur n’était pas légitime. Comme si elle ne méritait pas d’être entendue, car cet enfant n’a eu qu’une vie éphémère, in utero ou quelques instants après sa naissance…
Alors, dans l’esprit collectif, cela ne devrait pas faire mal. Cela ne devrait pas durer.
On devrait vite « tourner la page », avancer, être forts, courageux, dignes.
Résultat : les parents vivent leur deuil dans le silence le plus absolu. Un silence qui isole. Qui ronge.

Le manque d’information, les maladresses, l’ignorance, tout cela est encore tellement criant.
Bien sûr, on ne peut pas tout reprocher à ceux qui n’ont pas vécu cette épreuve. Comment pourraient-ils comprendre ?
Mais pour autant, est-ce une fatalité ?
Non ! Ce n’est pas normal.

Sensibiliser, éduquer, ouvrir les yeux, ouvrir les cœurs est indispensable.
Pour ne pas aggraver le traumatisme.
Pour ne pas ajouter des blessures aux blessures.
Pour faire entendre nos voix, rompre le silence.
Ressentir, vivre pleinement nos émotions, pleurer si notre cœur en a besoin, sans avoir à se cacher, sans avoir peur d’être jugés.

Ce silence, ce tabou, est un poison. Si on ne lui donne pas un espace pour exister, il nous consume encore davantage.

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SENSIBILISER, FAIRE CONNAÎTRE, TOUCHER, BOULEVERSER, ÉVEILLER les consciences.
FORMER les soignants, ACCOMPAGNER, SOUTENIR les parents, les fratries, les proches.
Pour que la société change son regard, il faut briser ce silence.